Parent au travail et quête de l'emploi de rêve

Par Expert Monster

Par Amanda Frank
Collaborateur de Monster

Nous sommes tous censés avoir la maîtrise de nos vies et de nos responsabilités. Et pour bien faire, nous sommes également censés connaître une croissance personnelle et professionnelle. Pas facile de concilier les deux. Selon votre degré d’occupation dans la vie (élever une famille, par exemple), certains aspects de votre carrière évoluent peut-être plus lentement que c’est le cas pour d’autres personnes que vous observez de loin. Ne laissez pas la frustration vous gagner lorsque vous notez le succès comparatif d’un collègue au bureau ou d’un obscur camarade de classe du secondaire avec qui vous clavardez occasionnellement sur Facebook.

Je dois admettre que ça me contrarie parfois. Mais la plupart du temps, je ne me laisse pas démonter. J’ai appris ce dernier concept en lisant le livre L’arbre généreux au moins deux cents fois à mon enfant. Vous pouvez également le lire ad vitam aeternam aux vôtres, mais déjà quelques années, ça devrait faire l’affaire. Car c’est tout le temps dont vous disposez avant qu’ils ne deviennent grands et que vous puissiez retourner à votre carrière. Pour l’instant, vous en êtes au statu quo et c’est parfait comme ça. Les années d’école défilent, mais avant que ce chapitre de votre vie prenne fin, ça peut devenir très préoccupant.

Entre les congés pédagogiques, les congés de maladie et les récitals, ce ne sont certes pas les occasions qui manquent de quitter le travail tôt, d’arriver en retard le matin ou de ne pas aller travailler du tout. Vous vous démenez pour obtenir un emploi de rêve. Ou encore vous réévaluez votre emploi actuel car il a peut-être perdu un peu de son lustre.

Parents en quête de l’équilibre travail/vie privée

Être parent, c’est comme utiliser la balançoire à bascule : tout est une question d’équilibre. Avez-vous la désagréable impression que votre équilibre travail/vie privée et responsabilités à la maison est complètement chamboulé? Que chacun s’arrache un morceau de vous et que vous craignez de ne pas être à la hauteur face à votre patron, à votre conjoint ou à vos enfants à force d’être sollicité tous azimuts? Selon toute vraisemblance, vous ne pouvez pas tellement changer l’étendue de vos responsabilités familiales. Mais vous pouvez modifier votre équilibre travail/vie privée. Demandez-vous en premier lieu si vous êtes en harmonie avec la culture au travail? Est-ce que la culture de votre entreprise vous convient?

Prenez mon exemple. Je n’ai pas le profil pour occuper un emploi que je dois traîner le soir à la maison. J’ai de la difficulté à faire la lessive après 21 h. Imaginez un peu s’il fallait que je termine des tâches du bureau chaque soir à la maison? Oubliez ça! Je travaille toute la journée, fais la navette avec mon enfant entre l’école et le soccer, m’attelle à mes activités du soir : devoirs, souper, vaisselle, bains et dodo. Je suis alors au bord de l’épuisement. Qu’on me donne une chaise ou qu’on m’achève, je m’en fiche!

Il n’est pas facile de trouver un juste milieu. Voici quelques facteurs importants dont il faut tenir compte :

Avez-vous l’horaire flexible au travail?

Flexible, le mot le plus spectaculaire de votre jargon professionnel. Meilleur encore que le chocolat! L’horaire flexible vous permet de prêter attention aux nombreuses facettes de votre vie. Votre travail doit s’avérer efficace pour vous à tout moment de votre carrière. Surtout lorsque vous élevez une famille. L’horaire flexible rend tout emploi très attrayant.

L’horaire flexible fait référence à la souplesse des heures et au lieu de travail, respectivement. Par exemple, vous pouvez travailler quatre journées de 10 heures et avoir la cinquième journée de congé; vous pouvez travailler à la maison, ou encore avoir un autre horaire que le traditionnel 9 à 5.

Envisagez la solution de rechange aux heures ou au lieu de travail flexibles, ce qui revient à faire passer le travail avant la famille. Mon dernier emploi m’imposait un horaire rigoureux. Lorsque le concert hip-hop de mon fils fut présenté en plein milieu de la journée à l’école, j’ai fait comprendre à mon patron que c’était une exception et j’ai pris l’après-midi de congé pour y assister. Une fois sur place, j’ai découvert que mon fils s’était trompé de date. Le concert avait lieu le jour suivant. J’ai eu peur de la mauvaise image que me vaudrait de m’absenter deux après-midis d’affilée. Alors, je n’y suis pas allé et je me suis sentie tellement coupable. J’ai regretté mon absence de jugement et mon manque de loyauté. Un emploi devrait pouvoir favoriser ces moments privilégiés. Maintenant je sais que lorsque je ne peux pas être là pour mon enfant, ça fait mal. Et lorsque j’ai mal, ça finit par jouer sur ma productivité.

Dénichez un milieu favorable aux enfants

Chaque fois que l’école est fermée pour un congé pédagogique, je me ronge les sangs pour savoir quoi faire de mon enfant. Il arrive que la seule solution pratique consiste à l’emmener avec moi au travail. C’est un avantage tellement pratique qu’il annule pratiquement tous les autres critères comme facteur déterminant de mon bonheur au travail. Pourquoi?

Il faut dire que ça me fait suer d’aller piger dans ma précieuse banque de jours de vacances et que je ne tiens pas toujours à dépenser 50 $ dans un programme de journées pédagogiques au YMCA. Tout ce qu’il faut à mon fils, c’est l’accès à un ordinateur. Webkinz et deux DVD feront le reste. C’est vrai, il m’interrompt aux 20 minutes mais je le gave de collations. Je lui donne même du travail à faire. Pendant une trentaine de minutes, il délire d’enthousiasme à l’idée de réaménager mes tablettes, de regrouper des paquets de dépliants ou d’insérer des lettres dans des enveloppes. Bien entendu, ça ne sera pas ma journée la plus productive, mais attention, ça nous rapproche beaucoup lui et moi et ça lui donne un avant-goût du monde du travail! Bien que je ne l’emmène pas souvent, une ou deux fois par année scolaire, le simple fait de savoir que JE PEUX l’emmener au travail si je n’ai pas d’autre choix me rend plus productive et plus détendue les autres 363 jours de l’année.

Recherchez d’autres indices sur la culture d’entreprise

Évaluez l’âge moyen au bureau. Est-ce que l’entreprise embauche délibérément des personnes jeunes et célibataires(que rien n’attire à la maison)?
Furetez comme un pro : sondez les espaces de travail. Apercevez-vous des photos de famille? Ou des « Picasso » peints à la main épinglés sur les murs? Ou encore sur les bureaux des porte-crayons recouverts de macaronis en couleur? Essayez d’avoir une idée du nombre d’employés qui ont des enfants.

Il faut aussi poser des questions (mais poliment, bien sûr). Quelles sont les heures de travail? Le cadre recruteur vous résumera ses responsabilités. En fait, ce que vous cherchez à savoir, c’est si chaque employé doit se taper cinq ou six heures additionnelles chaque semaine. Vous regardera-t-on d’un drôle d’air si vous quittez à 17 h pour aller chercher votre enfant à la garderie?

Voici un exemple évident d’indice tiré d’une entrevue d’emploi récente. La superviseure attitrée qui devait animer l’entrevue a été frappée d’une soudaine laryngite. Après quelques subtiles questions, elle m’a dit qu’il s’agissait d’une manifestation physique de stress résultant d’un surplus de travail. Et je me dis alors : « Fiche le camp d’ici! » Qu’est-ce que cette entreprise de fous va exiger de moi? Vais-je devoir encore me défoncer à ce poste? Et comment parviendrai-je à engueuler mon enfant si je perds la voix?! (Bien sûr, je parle de petits cris d’amour susurrés à voix basse...)

Un emploi de rêve réaliste?

Faire preuve de réalisme est très utile. Je rêve de travailler dans la réalisation de films mais je sais que les horaires sont déments et ne convient pas à mon style de vie. Ce n’était pas le cas lorsque j’étais jeune, mariée et avec un bébé, et ça ne l’est toujours pas aujourd’hui huit ans plus tard comme mère monoparentale. J’ai besoin d’un travail stimulant. Par contre, il me faut également quelque chose de stable où je pourrais rester à la maison lorsqu’il neige et aller chez le dentiste.

C’est parfois la distance qui gâche tout. J’ai dû laisser tomber l’idée d’un poste fantastique en raison des temps de déplacement insensés pour moi. Le lieu de travail était à l’autre bout de la ville et dans la direction opposée de l’école de mon enfant. Il m’aurait fallu traverser un pont dans une circulation chaotique en temps normal, infernale à la moindre tempête de neige. La logistique du trajet et du temps de déplacement me rendait dingue malgré la voiture mise à ma disposition! Si vous utilisez le transport public, le temps de déplacement a encore plus d’importance dans l’évaluation de l’emploi rêvé.

Le poste semblait super mais je me connais bien et je savais que je serais en retard quatre matins sur cinq à cause de la circulation. J’imaginais le stress qui m’assaillirait à l’idée de quitter le bureau suffisamment tôt chaque jour pour me rendre à la garderie avant la fermeture. Si j’avais accepté ce poste, j’aurais fait plus de route qu’un messager. J’ai donc passé mon tour et continué de chercher un excellent poste plus proche de chez moi.

La situation d’ensemble avant tout

Il vous faudra peut-être faire une concession ou deux, mais il y a moyen de vous rapprocher de votre emploi de rêve. Et sachez que les rêves n’ont rien de statiques et peuvent évoluer au fil des années. Vous avez toujours le droit de changer d’idée et de trouver quelque chose de mieux. Revoyez votre conception du travail de rêve. À quoi correspondait-il avant d’avoir une famille et quel sens prend-il maintenant? Créez une liste nouvelle et améliorée des « avantages exigés » et des « avantages souhaitables » en fonction de votre mode de vie actuel.

Occuper un poste intéressant et/ou bien rémunéré et/ou souple et/ou stimulant tout en étant présent pour votre famille est en soi un objectif très louable. Mon rêve actuel devient peu à peu réalité. Quand mon fils sera plus grand, je pourrai peut-être viser un autre emploi de rêve. Peut-être même me risquerai-je à traverser un pont un de ces jours.